16 II 2024, entre Stockholm et Narvik
Un des voyages d’une vie préparé en 4 semaines. Intense et irréel, au point qu’il m’incite à réouvrir les carnets pour encrer quelque part sa tangibilité. Il a bien été vécu.
Ma panoplie de voyages passés tient moins de la collection frénétique que de l’urgence d’exister ; ma mapstr est pleine à craquer, aux quatre coins du globe. Tiens, ma sœur en a même fait une chanson.
Où vas-tu,
Quand tu vas partout?
Quel absolu cherches-tu?*
Ramberg, Îles Lofoten ©VictoireSatto, 19 février 2024
De ces pérégrinations, je retiens des souvenirs plus que je n’accumule d’objets. Les piliers de ma mémoire sont ceux de ma vie : les mots et les vêtements. Les premiers sont des vecteurs de réminiscences et les seconds les rendent palpables.
Avant, pendant après le voyage, je fais feu de tout bois des accoutrements que je prends un plaisir infini à relater, frénétiquement, sur mon carnet de notes digitales, préférentiellement quand le jour tombe ou dans un wagon, en translation entre deux endroits.
Tous les habits y passent. Ceux que portent les locaux, si tant est qu’on puisse les mettre dans des cases. Ceux que je ramène, chinés dans ces contrées, ou des textiles qui re-naissent sous les doigts d’un couturier de quartier, après avoir glané amoureusement des coupons de localités. Ceux que je porte à l’instant t : de l’esthétique comme de la technique, qu’ai-je à me mettre qui soit approprié ? Avec toute la difficulté de faire tenir dans un sac à dos ou une petite valise mes désirs d’effusions de style, mes tenues dont la mission varie selon le type d’activité envisagée en une journée.
… Sauna, trail ou bar à cocktail, atelier d’artisan et musée national
… Restau gastronomique et boui-boui sur le pouce, la soirée au coin du feu ou bien celle de la hype dont l’adresse se refile sous le manteau. De l’éclectisme vestimentaire appliqué à la déclinaison de mes identités. Dans une vie antérieure, j’étais sans doute un caméléon.
Avec Thomas Wagner - Lødingen, 17 février 2024
Mais à qui vont ces efforts ? Sont-ils voués à satisfaire l’œil de l’étranger ou ma sensation d’alignement ? J’ai cette obsession du moment présent et de l’image que je renverrais, en dépit d’années de déconstruction acharnée du déterminisme social. L’habit devrait bien faire les deux : le moine et permettre d’en emprunter le costume quand on veut.
Charlotte Lemay et Thomas Wagner, Lødingen, 17 février 2024
4 semaines alors, et potentiels -20 degrés.
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