Paris - Simatai (2023 - 2016)

À la faveur d’un changement de téléphone (béni soit Back Market), je m’attelle à l’organisation de mes notes de voyage. Le dernier grand trip remonte à 2016, quatre mois en goguette dont 5 semaines en Chine. Light packing. Dans mon sac à dos, « l’essentiel » est versatile. Il doit me permettre de traverser la Russie jusqu’à Vladivostok en train, de passer 15j en bivouac dans les steppes mongoles, de visiter plusieurs régions chinoises comme autant de continents différents et de finir - en maillot, le plus facile sans doute - par un mois en Indonésie. 

Les vêtements ont été pesés avant d’être placés dans mon fidèle Millet 50L, le poids des apparats ne devant pas excéder celui de l’association d’une gourde pleine, des ustensiles pour repas, quelques livres et de mes affaires de toilettes réunis. J’ai mis de la conscience préparant ce voyage hors des sentiers battus : dans les rares achats ou les emprunts de vêtements techniques que je n’avais pas ; de la conscience dans ce que mes tenues préparées à l’avance allaient pouvoir dire de moi, étrangère en terres inconnues :

« Je suis une femme qui voyage seule », il faut l’assumer pour l’exemple et ne pas trop le montrer à la fois.

« Je suis une touriste occidentale privilégiée », riche de cette différence et d’une culture que j’apporte, mais humble et ignorante à l’égard de celles que je vais rencontrer, que je souhaite respecter.

« J’aime profondément la mode et je prête une grande attention à mon image », parce que c’est pour moi une marque de déférence et un icebreaker facile, tout en prenant garde de ne pas être prétentieuse à travers mes looks.

J’ai dû arbitrer entre travailler mon style et préserver ma colonne vertébrale qui portera ma vie concentrée dans un sac à dos. Mon bagage a été composé sciemment pour me permettre de vivre des grands écarts esthétiques : un jour à l’opéra de Moscou où tout le monde est tiré à quatre épingles ; un jour au fin fond des plaines de Mongolie où poussière et périls alimentaires l’emportent souvent sur la dignité. 

Valse sur une ligne de crête vestimentaire. Préparer ce sac à dos, c’était un subtile exercice.

Opéra de Moscou, robe tube coton/polyester Zara - Juillet 2016
Mais ce qui ressemble à une prise de tête est en réalité libérateur. À la lumière des destinations dont je rêvais depuis des années, rien n’a été choisi « au hasard » sous la pression d’un marketing fameux. Faire sa valise ou visiter la muraille de Chine, on peut le faire de plusieurs façons, comme à peu près tout ce qu’on consomme aujourd’hui. Il s’agit de faire des choix conscients. 

Avec ou sans partie restaurée Instagramable, touristes, ou gradation d’expérience selon les étoiles TripAdvisor. Avec ou sans Airbnb aseptisé dans des quartiers qui proposent des English breakfasts sous toutes latitudes, avec ou sans effort d’aventure qui vous poussent à dormir chez des inconnus/choisir un plat au hasard/ne pas prévoir de destination à plus de 48 heures.

Certains choix sont délibérés, d’autres sont des choix par défaut. Entre les deux, il y a notre libre-arbitre.

Ramener un accessoire souvenir made in Asia dont on n’a pas l’usage et qu’on donnera dans une borne Relais à la faveur du prochain déménagement versus s’aventurer dans un marché de textiles locaux pour faire confectionner une pièce sur-mesure qu’on aimera à vie, qui ne vaudra pas grand chose et plus que tout le prêt-à-porter du monde.

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